Est-ce que faire des pompes arrêtent la croissance ?

Le monde du fitness et de la musculation est rempli de mythes et de fausses idées. Cibler la perte de gras. Le transformation du muscle en graisse à l’arrêt de la musculation. S’étirer pour éviter les courbatures. L’idée selon laquelle les pompes arrêtent la croissance est une de ces légendes urbaines.

Non, les pompes et la musculation en général ont très peu, voire pas du tout d’impact sur la croissance. Et encore moins quand il s’agit de pompes. Il faut savoir que votre taille « adulte » sera principalement influencée par vos gènes. D’ailleurs, il est aussi bon de noter qu’aucun exercice n’a pu démontrer, dans l’autre sens, un avantage pour devenir plus grand.

Que dit la science sur les pompes qui arrêteraient la croissance ?

Le mythe d’un arrêt de la croissance si on commence la musculation trop tôt n’est à ce jour soutenu par aucune étude ou recherche scientifique. En ce sens, vous comprenez qu’il n’y a aucun risque pour que des pompes arrêtent la croissance.

Par contre un certain nombre de choses sont prouvées scientifiquement 1)Strength training: OK for kids? https://www.mayoclinic.org/healthy-lifestyle/tween-and-teen-health/in-depth/strength-training/art-20047758 concernant la musculation à l’adolescence. Celle-ci permet :

  • l’augmentation des performances musculaires et de l’endurance,
  • le renforcement des articulations, des muscles et des tendons en permettant ainsi d’éviter des blessures courantes,
  • l’amélioration des compétences de l’adolescent dans presque tous les sport, de la danse au football en passant par le basket,
  • l’apprentissage des bonnes techniques d’exécution et de forme d’exercice, qu’il pourra conserver toute sa vie.

De plus, les entraînement de force ne sont pas uniquement utiles pour les athlètes. Même si votre enfant n’est pas intéressé par le sport, il y a toujours des bénéfices à tirer :

  • Le stress mécanique associé à une mise en charge des os chez les adolescents résultent en une augmentation de la minéralisation et de la densité osseuse. 2)ACSM’S Health & fitness Journal, Vol. 5, no.5.
  • Cela aide à la conservation d’une bonne pression artérielle et d’un niveau de cholestérol adéquat.
  • L’exercice aide votre enfant à conserver un poids de forme correct.
  • Les compétences sportives améliorent la confiance et l’estime de soi-même.

Il ne faut cependant pas confondre travail de force, musculation et powerlifting ou bodybuilding. Il est déconseillé de vouloir « construire du muscle » avant l’âge de 16 ans, en utilisant des charges lourdes.

C’est pour cela qu’un entraînement avec des pompes et le poids du corps en général peut être recommandé.

Comment commencer les pompes pour un enfant ?

Faire un programme pour enfant n’est pas forcément une version simplifiée pour adultes. Toujours gardez ces principes en tête si vous voulez avancer de manière sécurisée :

  • Allez voir un professionnel. Par exemple, un coach ou un entraîneur professionnel qui a de l’expérience avec la musculation chez les enfants. Le coach peut créer un programme efficace selon l’âge de l’enfant, sa taille, sa force et les sports qui l’intéressent. Ou peut-être même le placer dans un cours spécialisé pour enfant, s’il en propose.
  • Toujours s’échauffer. En effet, il faut encourager votre enfant à commencer chaque séance de musculation par un réveil musculaire de faible intensité comme un footing ou du saut à la corde. Cet échauffement va le préparer à des activités plus intenses.
  • Mettre l’accent sur la technique. La forme et la technique sont bien plus importants que le poids pour un enfant. Il pourra augmenter progressivement les charges à mesure qu’il grandit.
  • Repos entre les séances. Assurez vous que votre enfant prend au moins un jour entier de repos avant d’entraîner le même groupe musculaire.
  • Cela doit rester amusant. Le but n’est pas que votre enfant s’ennuie ou n’ai plus envie d’aller s’entrainer. Varier les exercices et les routines pour garder de l’intérêt.

Pourquoi certaines personnes pensent que les pompes arrêtent la croissance ?

Dans cette section, nous allons voir toutes les raisons qui font croire que la musculation arrêtent la croissance.

Le risque de rupture du cartilage éphiphysaire

En premier lieu, pour comprendre le coeur de la polémique, nous devons parler d’un peu d’anatomie. La croissance des os long se fait au niveau du cartilage épiphysaire (aussi appelé cartilage de croissance). Celui-ci se transforme progressivement : les cellules grossissent, puis se mettent en colonnes. Elles se laissent ensuite envahir par les vaisseaux capillaires, se calcifient puis s’ossifient.

Le gros du mythe proviendrait que la pratique de la musculation augmenterait le risque de blessures du cartilage épiphysaire. Dans la plupart des cas, cela ne pose aucun problème sur la croissance 3)Growth plate injuries https://kidshealth.org/en/parents/growth-plate-injuries.html. Mais en effet, une fracture du cartilage épiphysaire mal soignée peut empêcher la croissance.

Cependant, une étude américaine 4)Overview of Injuries in the Young Athlete. Sports Medicine, Volume 33, N° 1, 2003 , pp. 75-81 a rassemblé des données sur les traumatismes des cartilages de croissance à grande échelle. Et la musculation s’en sort plutôt bien. En effet, ses résultats indiquent qu’environ 50% des fractures de la plaque de croissance surviennent dans des sports ou activités de loisir. Le football, le basketball, le skateboard, le rugby et le cyclisme sont les cinq activités pour lesquelles il y a le plus de fractures de la plaque de croissance épiphysaire.

Les sportifs de hauts niveau

Deuxièmement, certaines personnes pensent que la musculation ou que les pompes arrêtent la croissance à travers un raisonnement fallacieux. Il se base sur des comparaisons de sportif de haut niveau. Les haltérophiles sont en majorité petits et soulèvent de fortes charges… Soulever des fortes charges rendrait donc petit. À l’inverse, si l’on veut grandir, il faudrait faire des sports comme le basket ou le volley-ball. Tout ceci est bien sûr faux. En complément, une autre étude 5)Strength Training by Children and Adolescents PEDIATRICS, Vol. 121 No. 4 April 2008, pp. 835-840 : https://pediatrics.aappublications.org/content/126/5/e1199 a de nouveau fait le point sur l’entraînement de musculation pour les enfants et adolescents. Encore une fois, elle n’a pas mis en évidence de relation de causalité entre le travail musculaire avec des anomalies de croissance.

Certaines personnes pensent que les pompes arrêtent la croissance en regardant la taille des haltérophiles professionnels.
Certaines personnes pensent que les pompes arrêtent la croissance en regardant la taille des haltérophiles professionnels.

Les petits sont juste favorisés en haltérophilie par réduction des bras de leviers et par réduction des contraintes. A l’inverse, il est plus difficile de « dunker » lorsque l’on mesure un mètre soixante plutôt que 2 mètres.

Une nouvelle légende pour expliquer une légende

Une autre légende circule sur internet pour appuyer l’origine de cette croyance. Nous devrions remonter au Japon dans les années 1970. Par contre, aura aucun rapport avec la musculation… Des « chercheurs » auraient remarqué que des enfants travailleurs japonais, soulevant de lourdes charges, étaient anormalement petits. Ils en auraient conclu que ce sont les poids qui auraient retardé leur croissance.

Cependant, cet histoire a toute les chances d’être complètement fausse. Impossible de mettre la main sur cette fameuse étude japonaise. De plus, le NY Times est le premier à en faire mention en 2010 – Bizarre pour une étude des années 70. Il ne cite ni l’année, ni les auteurs de la fameuse étude. Par la suite, nombres d’articles ont fait référence à cette étude sans jamais pouvoir la citer précisément.

Sources & Références

Sources & Références

1 Strength training: OK for kids? https://www.mayoclinic.org/healthy-lifestyle/tween-and-teen-health/in-depth/strength-training/art-20047758
2 ACSM’S Health & fitness Journal, Vol. 5, no.5.
3 Growth plate injuries https://kidshealth.org/en/parents/growth-plate-injuries.html
4 Overview of Injuries in the Young Athlete. Sports Medicine, Volume 33, N° 1, 2003 , pp. 75-81
5 Strength Training by Children and Adolescents PEDIATRICS, Vol. 121 No. 4 April 2008, pp. 835-840 : https://pediatrics.aappublications.org/content/126/5/e1199

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